La dernière lettre du Premier ministre Henry au secrétaire général de l’ONU pour demander de l’aide pour la PNH

« Suite au Forum politique des 23 et 24 mai 2023 organisé par le Haut Conseil de la Transition (HCT), réunissant des représentants des partis politiques, de la société civile et du secteur privé, le gouvernement que j’ai l’honneur de diriger, de concert avec cette entité, réitère sa demande d’un appui robuste pour les forces haïtiennes de sécurité, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans le pays », peut-on lire dans cette lettre datée du 7 juin 2023 dont Le Nouvelliste a obtenu copie.

« Il nous faut restaurer l’autorité de l’État et garantir l’État de droit, pour éviter que la population ne soit tentée de se faire justice. Les effectifs de la Police nationale d’Haïti sont nettement insuffisants pour rassurer la population, ainsi que les candidats aux prochaines élections. L’appui aux forces nationales de sécurité donnera aux partis politiques, à leurs mandataires et sympathisants, l’assurance qu’ils peuvent mener campagne sans avoir à craindre pour leur vie. C’est pourquoi une présence sur le terrain d’une force internationale spécialisée aux côtés des forces haïtiennes de sécurité s’avère indispensable. Il ne s’agit pas de venir faire le travail à la place des Haïtiens. Une telle force servirait efficacement de dissuasion dans certains espaces stratégiques comme les ports et les aéroports », a indiqué cette correspondance du PM Henry.

Cette force internationale, poursuit la lettre, « apporterait, également, son expertise et son expérience dans ce genre de situation avec le soutien logistique qui fait cruellement défaut à nos forces de sécurité. Cette force pourrait aussi aider à renforcer les capacités de la Police nationale d’Haïti en matière de collecte et de traitement des renseignements, de reconnaissance et de surveillance pour mieux répondre aux activités des gangs », a détaillé Ariel Henry.

« Certains pays ont exprimé leur volonté de se montrer solidaires avec Haïti dans cette conjoncture. Ils souhaitent que le secrétariat général des Nations unies fasse des propositions concrètes sur les paramètres logistiques et opérationnels d’une force de ce type et apporte des précisions sur sa composition, les contours de sa mission, sa durée et son financement », selon cette lettre du Premier ministre Ariel Henry.

« Le déploiement immédiat d’une telle mission est susceptible de changer la donne sur le terrain. Cela aura la vertu de ramener la confiance des citoyennes et des citoyens. Il pourrait faciliter l’obtention d’un consensus national plus élargi de toutes les forces vives de la nation, en vue d’engager Haïti sur la voie du changement et du développement durable. Bien d’autres actions demeurent nécessaires sur les plans économique et social. Le peuple haïtien continue de compter sur la solidarité agissante de la communauté internationale », a écrit le Premier ministre Ariel Henry, qui a salué l’engagement du secrétaire général Antonio Guterres.  « Au nom du peuple haïtien, du gouvernement et en mon nom propre, je tiens à vous exprimer notre appréciation pour votre engagement en faveur de la cause de notre pays qui connaît depuis quelque temps une crise politique, sécuritaire et humanitaire. Je vous ai adressé au mois d’octobre 2022 une correspondance sollicitant votre intervention auprès de la communauté internationale pour accompagner les forces haïtiennes de sécurité dans la lutte contre les gangs armés. Depuis, vous n’avez raté aucune occasion pour chercher à mobiliser les pays amis sur l’urgente nécessité de répondre à notre appel », a indiqué Ariel Henry.

« En dépit des efforts consentis par nos forces de police, la situation ne s’est guère améliorée. Elle demeure toujours instable et se dégrade chaque jour davantage. Les gangs continuent à perturber considérablement le quotidien des Haïtiennes et des Haïtiens qui ne peuvent plus circuler librement sans craindre pour leur vie. L’insécurité empêche des enfants de se rendre à l’école dans de nombreuses zones devenues infréquentables », peut-on lire dans cette lettre.

« Nous sommes au tout début de la saison cyclonique. Le pays est déjà gravement frappé par des crues importantes et des inondations qui ont fait de nombreuses victimes et entraîné des pertes de récoltes et de têtes de bétail. Le pays connaît actuellement une résurgence des cas de choléra que l’on croyait totalement éradiqué. En outre, un autre tremblement de terre de magnitude 5.5 a fait des victimes et causé des dégâts dans le département de la Grand-Anse. La situation sécuritaire paralyse l’organisation des secours et l’acheminement de l’aide humanitaire aux sinistrés en divers points du pays », a écrit le Premier ministre Ariel Henry dans sa lettre.