Rivière Massacre: « le droit est du côté des Haïtiens», selon l’agronome Jean André Victor

Written by on September 13, 2023

Le Nouvelliste | publié 12 septembre 2023 – La construction d’un canal sur la rivière Massacre dans la partie haïtienne continue de défrayer la chronique. L’agronome Jean André Victor, qui a déjà mis en garde, en janvier 2018, sur l’éventualité d’une guerre de l’eau entre Haïti et la République dominicaine, a réagi sur le conflit. Sur Magik 9, le mardi 12 septembre 2023, l’ancien directeur de l’ODVA a indiqué qu’au plan juridique, Haïti est en droit de faire une prise sur la rivière.

« Les mesures annoncées par le président dominicain Luis Abinader n’ont aucune base juridique valable. Ce sont des menaces pour forcer l’arrêt de la construction du canal du côté des Haïtiens. Bien qu’en retard, les autorités haïtiennes devraient alerter la communauté internationale vu l’ampleur du conflit. On devrait constituer un dossier solide pour faire valoir nos droits et exiger la régularité. Les Dominicains ont violé, de façon sauvage, tous les accords en ce sens», a fait remarquer Jean André Victor à l’émission Panel Magik.

« Sur la rivière Massacre, le République dominicaine a déjà effectué plusieurs prises irrégulières dans le silence total des Haïtiens. Aujourd’hui, nos voisins pensent qu’ils ont affaire à un État inexistant, qui ne peut pas faire valoir ses droits, ne comprend pas ce qui se passe et n’est pas non plus à la hauteur de la gestion des cours d’eau internationaux», a argué l’agronome.

Dans cette situation de conflit entre les deux pays se partageant l’île, il n’est pas recommandé de répondre à l’irrégularité dominicaine par une irrégularité haïtienne. Haïti est en bon droit aujourd’hui de faire une prise sur la rivière Massacre, a affirmé l’agronome Jean André Victor. « Selon les traités, les cours d’eau internationaux doivent être partagés à parts égales», a-t-il fait savoir, précisant que les prises ne doivent pas se faire non plus de façon unilatérale.

L’agronome a toutefois souligné au passage que la violation d’un traité ne met pas un terme audit traité. « Bien au contraire. C’est à ce moment qu’il faut faire recours au traité afin de faire valoir son contenu», a-t-il fait savoir.

Selon Jean André Victor, dans le cadre de ce conflit, Haïti peut saisir des organisations régionales comme l’OEA, la CARICOM qui ont des chapitres sur l’agriculture et l’environnement, mais également le Programme des Nations unies pour le développement en vue de solliciter un arbitrage.

« Le Conseil de sécurité nationale a décidé ce qui suit : Suspendre définitivement l’entrée de toutes les personnes impliquées dans le conflit et cesser de délivrer des visas aux citoyens haïtiens jusqu’à nouvel ordre; maintenir la fermeture totale de la frontière à Dajabón et, si le conflit n’est pas résolu d’ici jeudi, fermer complètement la frontière pour le commerce terrestre, maritime et aérien », peut-on lire dans une déclaration du Conseil de sécurité nationale, une structure créée par Abinader en février 2021 pour conseiller l’exécutif dominicain sur les politiques publiques, les stratégies de sécurité et de défense nationale.

Sur Magik 9, le 16 janvier 2018, l’ancien directeur de l’ODVA a réagi sur les répercussions, à la fois sur la quantité et la qualité de l’eau, que peut avoir le projet d’un barrage dominicain sur le fleuve Artibonite. Jean André Victor a rappelé que des accords ont été signés entre les deux pays se partageant l’île autour de la gestion de ces cours d’eau.

Dans ces accords, avait-il poursuivi, deux choses sont stipulées. « D’abord, l’un des deux pays ne doit altérer l’eau si elle provient de chez lui. De plus, il peut également utiliser l’eau sans que cela ne soit au préjudice de l’État qui est en aval », avait-il expliqué, soulignant que ces deux principes figurent dans l’accord signé en 1929 par les deux pays.

Par Jean Junior Celestin 12 septembre 2023 | Lecture : 3 min


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