PNH, FADH, BINUH : L’impuissance des forces de sécurité en débat à l’Université Quisqueya
Written by admin on July 4, 2023
Le Nouvelliste publié le 03 juillet 2023 – « Les forces de sécurité haïtiennes : Capacités, limites et coopération internationale », tel était le thème du 5e panel de discussion de la Conférence internationale sur l’insécurité en Haïti, organisée par l’Université Quisqueya les 28 et 29 juin 2023 via la plateforme numérique Zoom. Animé par Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste, ledit panel était composé de : Frantz Elbé, directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), qui s’est fait représenter par Figaro Aurelus, directeur de l’académie de police, du lieutenant-général Jodel Lessage, commandant en chef des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), et de Papa Samba Mbodj, commissaire de police, chef de la police des Nations unies au sein du BINUH.
Bien qu’en retard par rapport à la programmation du jour, l’animateur a fait en sorte que le panel, réunissant les trois principales forces de l’ordre d’Haïti, tienne toutes ses promesses. Des questions autour d’éventuelles stratégies et de perspectives pouvant être envisagées pour que les forces de sécurité soient plus efficaces à l’avenir ont été proposées par Frantz Duval afin de permettre aux présentateurs d’être plus précis dans leurs interventions.
M. Figaro, désigné pour représenter M. Elbé, qui a présenté la sécurité comme le bien collectif par excellence, a indiqué que « cette conférence revêt une grande importance pour le pays en invitant la science au diagnostic et à l’analyse de la problématique de l’insécurité».
Le directeur de l’académie de police, quant à lui, a plaidé en faveur d’une communion entre toutes les entités organisées, une synergie entre toutes les entités du corps social pour combattre l’insécurité. « La PNH a besoin du support et de l’apport de la communauté pour lutter efficacement contre cette insécurité arrogante qui fait rage en Haïti. La sécurité, pour répéter Frédéric D., ce n’est pas l’affaire de la police, ce n’est non plus l’affaire de la justice, ni de la mairie, etc., c’est d’abord et avant tout l’affaire des habitants de la ville. Il faut donc se mettre ensemble pour pouvoir bien combattre l’insécurité dans le pays tout en redonnant aux institutions leur lettre de noblesse», a-t-il soutenu.
Dans son intervention, le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti a déploré la situation dans laquelle se trouvent actuellement les fils d’Haïti qui sont «livrés à la bêtise sanguinaire des bandits». Jodel Lessage se dit profondément touché par cette situation où même les agents de l’ordre ne sont pas épargnés de la férocité des bandits.
Le général Lessage, qui a souligné la nécessité d’aborder la problématique des capacités des Forces Armées d’Haïti par une approche juridique, a fait comprendre que malgré ses problèmes de capacités opérationnelles, les Forces Armées d’Haïti font toujours face à leurs responsabilités.
« En ce sens les FAD’H disposent d’un effectif avoisinant les 1 500 militaires, lequel, théoriquement, devrait permettre de mobiliser trois bataillons tactiques avec des équipements appropriés. Les FAD’H sont, selon le général, un embryon d’armée qui, en dépit du dénuement et de ses faibles moyens, arrive toujours à faire face à ses responsabilités de limiter les dégâts», a-t-il déclaré.
« En matière de coopération internationale, l’armée a bénéficié du support de plusieurs pays, tels l’Équateur, le Mexique, Taïwan, l’Argentine, le Brésil, la France et certains pays du continent africain, en termes de formation et d’équipements militaires», a rappelé Jodel Lessage, soulignant toutefois l’hostilité des institutions étrangères vis-à-vis de l’institution militaire haïtienne. « Cela contribue à l’incapacité de mobiliser une force sérieuse contre les gangs», a-t-il fait comprendre.
Le général Lessage a soutenu que face à cette situation, la seule alternative valable est de prôner l’encadrement, l’armement en équipements nécessaires de nos forces nationales pour leur permettre de faire face à la situation.
Papa Samba Mbodj, commissaire de police au sein du Bureau intégré des Nations unies (BINUH), de son côté, a insisté sur le fait que « le personnel du BINUH s’engage dans : le renforcement des capacités de la PNH ; le renforcement des capacités opérationnelles anti-gang de la PNH ; l’augmentation des capacités de contrôle, d’inspection et de vérification des antécédents ; le recrutement et la formation ; la promotion des droits de l’homme, de l’égalité des sexes et de l’équité de genre ; ;la poursuite de la mise en œuvre du plan de développement stratégique 2023-2026 de la PNH ; la mise en œuvre du Basket Fund ; la sécurisation des cycles de vote. En ce qui a trait au personnel pénitentiaire, il est chargé d’apporter un soutien nécessaire à la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) pour développer et gérer un système pénitentiaire viable, sûr, sécurisé et humain, exempt de violations des droits de l’homme via la formation ».
En termes de perspectives, M. Mbodj a insisté sur la nécessité d’adapter le dispositif actuel pour prévenir l’expansion des gangs sur toute l’étendue du territoire haïtien ; de renforcer les ressources en personnels qualifiés dans des domaines ciblés pour mener une lutte efficace contre les gangs ; d’explorer de nouveaux axes de coopération pour le renforcement des capacités de la PNH ; de se préparer pour œuvrer dans l’optimisation des impacts d’un futur déploiement d’une force internationale.