Prosper Avril signe à Livres en folie « L’armée d’Haïti : Gloire, errements, disgrâce et perspectives d’avenir »
Written by admin on May 28, 2023
Publié le 26 mai 2023 | lenouvelliste.com
La prolifération et l’extension des gangs armés sur le territoire national suivies de la multiplication des actes de violences au quotidien font ressentir plus que jamais la nécessité de la présence d’une force militaire convenablement équipée pour bien accomplir sa mission, selon l’article 264 de la Constitution haïtienne : « protéger la population contre les menaces venant de l’extérieur, de garantir la sécurité, la défense et l’intégrité du territoire de la République » en vue d’assurer la pérennité de la nation. Cependant, le rétablissement des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) n’est pas une décision trop bien accueillie par plusieurs de nos compatriotes et par la communauté internationale craignant une résurgence des mêmes comportements reprochés, dans le passé, à certains membres des FAD’H. Pour nous aider à transcender ce passé et à faire la lumière sur certains évènements, Prosper Avril, militaire de carrière, propose un ouvrage sur l’historique de l’armée d’Haïti avec des recommandations pour la mise en place de la nouvelle armée : « L’armée d’Haïti : Gloire, errements, disgrâce et perspectives d’avenir ».
Paru cette année sous les presses de l’Imprimeur S.A., ce livre est une réédition de « L’Armée d’Haïti, Bourreau ou victime » publié vingt-cinq (25) ans plutôt.
S’appuyant sur une documentation variée et riche, le général Avril, ancien commandant en chef, nous donne de précieux renseignements sur l’armée haïtienne : sa genèse, son parcours, ses exploits, ses dérives, ses structures organisationnelles à travers le temps et les évènements qui ont jalonné l’existence de cette vieille institution nationale.
Historique de l’Armée d’Haïti
L’Armée haïtienne, au cours de son existence, a connu des hauts et des bas. Les circonstances de sa création remontent à la découverte de l’Île d’Haïti par Christophe Colomb en 1492. Les premiers habitants de l’Île, les aborigènes, malgré le caractère rudimentaire de leur organisation de défense, étaient animés du concept de la défense de leur territoire. Bien que ne disposant pas d’une véritable armée, ils savaient se défendre avec des armes comme : « Piques de bois dur, haches de pierre, arcs et flèches, lance-pierres, sagaies, etc. ». C’est donc à partir de 1493 que l’on assiste véritablement à la présence de forces militaires sur le territoire haïtien.
Dans toute son histoire, Haïti a connu plusieurs types d’armées que l’auteur prend le soin de classer en neuf (9) catégories suivant leur structuration : l’Armée Espagnole (1493), l’Armée Coloniale (1697), l’Armée Expéditionnaire (1801), l’Armée Indigène (1802), l’Armée du Nord (1807), l’Armée de l’Ouest (1807), l’Armée du Sud (1810), l’Armée Nationale (1820), l’Armée de l’occupation de 1915. Chacune de ces entités charrie avec elle toute une série d’évènements qui ont contribué à leur mise en place et/ou à leur dissolution.
L’Armée haïtienne a eu de grandes incidences sur les débuts de la nation haïtienne. Pendant cette période, le pays n’a connu que des dirigeants militaires. À partir de 1915, avec l’occupation américaine, l’institution militaire, cette force publique, connaîtra de grandes modifications avant sa démolition totale en 1995.
Qu’est-ce qu’il y aura donc à la place de notre armée ?
« À la place de l’Armée nationale, les Américains ont créé une nouvelle armée qui devait absorber, outre les fonctions militaires, celles également des forces de la police existant dans le pays. » À ce stade, l’appellation « Armée nationale » est rejetée au profit de « Gendarmerie d’Haïti ». Au fil du temps, cette institution a connu d’autres dénominations : « Garde d’Haïti » (Gd’H) en 1928, « Armée d’Haïti » en 1946, puis finalement « Forces Armées d’Haïti » (FAD’H) en 1957.
Démobilisation des FAD’H
Le 6 janvier 1995, sous le président Jean-Bertrand Aristide, on assiste à un acte de haute portée politique : la démobilisation des « Forces Armées d’Haïti » (FAD’H), qui seront désormais remplacées par une mission des Nations Unies (les casques bleus de la MINUHA). Pendant deux décennies, le territoire haïtien demeurera privé de sa force militaire jusqu’à sa réhabilitation effective à la date du 17 novembre 2017 par le président Jovenel Moïse.
Prosper Avril, dans ce livre, invite le lecteur ou la lectrice à user de son esprit critique pour cerner, avec objectivité, les différents aspects de cette vérité qu’il juge incontournable : l’importance de la présence d’une armée conventionnelle en Haïti.
Est-il nécessaire pour Haïti de disposer d’une armée ? L’Haïtien, peut-il s’assurer de conserver l’héritage sacré légué par les Ancêtres, sans une armée pour la défense du territoire et le maintien de la souveraineté ? Autant d’interrogations qui suscitent notre réflexion.
Le lieutenant général retraité fait également plusieurs recommandations pour la mise en place de la nouvelle armée. Il suggère que celle-ci soit fondamentalement différente de l’ancienne. En sa qualité d’ancien militaire, il propose alors plusieurs critères obligatoires devant être pris en compte à cette fin : « 1- L’institution militaire serait placée sous le commandement du président de la République … ; 2- L’Armée nationale devrait avoir ses troupes distribuées à travers le pays dans des bases militaires … ; 3- L’Armée devrait être dotée d’une structure permettant la mise en application des provisions constitutionnelles relative au service militaire obligatoire… ; 4- En temps de paix et de stabilité, l’Armée doit rendre son personnel disponible pour l’accomplissement de tâches de développement …. ».
« L’armée d’Haïti : Gloire, errements, disgrâce et perspectives d’avenir » de Prosper Avril est un livre à lire et à relire. Il traite d’un sujet d’un grand intérêt pour la nation haïtienne