Échec du 2e round des négociations menées par les émissaires du Caricom

Le Nouvelliste | Publié le 17 juillet 2023 – Retour à la case départ pour les négociations politiques menées sous les auspices de la Caricom. Après trois jours de rencontres et de discussions à Port-au-Prince, aucun accord n’a été obtenu. Une séance plénière réalisée vendredi soir entre les signataires de l’accord du 21 décembre et ceux de la déclaration conjointe de Kingston n’a pas permis de faire bouger les lignes, chaque partie accusant l’autre d’avoir fait capoter l’initiative des émissaires caribéens.

« Encore une fois, le jusqu’au-boutisme des signataires de la Déclaration de Kingston et leur volonté d’imposer leur collège présidentiel de cinq membres ont fait échouer le deuxième round de négociations sous les auspices de la CARICOM, malgré le doigté de la médiation. C’est dommage », a pesté André Michel, signataire de l’accord du 21 décembre sur Twitter.

Contacté par Le Nouvelliste, André Michel a dénoncé « les ambitions démesurées » des signataires de la Déclaration de Kingston. « Ils ont fait preuve de mauvaise foi. Leurs ambitions démesurées nous empêchent d’aboutir à un consensus. Ils veulent à tout prix imposer un collège présidentiel de cinq membres. C’est tout ce qui les intéresse. Ils ont rejeté nos propositions de formation d’un gouvernement d’union nationale, d’élargissement du HCT ainsi que d’une révision de sa mission, de mise en place d’un CEP crédible, etc », a fait savoir André Michel, qui a salué le travail des émissaires du CARICOM.

De son côté, Jorchemy Jean Baptiste, également signataire de l’accord du 21 décembre, a lui aussi déploré l’intransigeance de l’autre partie. « De notre côté on pensait qu’on allait poursuivre les discussions où elles s’étaient arrêtées à la Jamaïque, c’est-à-dire sur les propositions des deux parties. Les signataires de Kingston ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont voulu repartir de zéro. Nous avons proposé un élargissement du HCT et une révision de sa mission. Ils ont rejeté notre proposition et veulent un collège présidentiel de cinq membres. Ils sont dans une posture de « tout ou rien ». Malheureusement, face à leur intransigeance, nous n’avons pas pu nous entendre », s’est plaint Jorchemy Jean Baptiste.

Le Nouvelliste a contacté Emmanuel Ménard, signataire de la déclaration conjointe de Kingston, qui avait lui aussi pris part aux discussions. Il a rejeté les allégations selon lesquelles ses camarades seraient à l’origine de l’échec des discussions. Il dit avoir proposé au contraire un protocole de discussions et de négociations. « La séance plénière avait démarré tard vendredi pour de multiples raisons. Alors que les deux camps s’engageaient dans des discussions à n’en plus finir, j’avais proposé un protocole de discussion qui rassemble la position de toutes les parties. L’accord du 21 décembre était favorable au document que nous avions proposé », a indiqué le Dr Menard. Le document en question, qui propose des discussions sur le rétablissement d’un exécutif bicéphale, sur la recomposition du HCT avec cinq membres, n’a toutefois pas été adopté formellement par les différentes parties.

Pour Liné Balthazar, président du PHTK et signataire de la Déclaration de Kingston, les discussions n’ont pas abouti parce que l’autre partie n’a pas formulé de propositions. « Pour obtenir un accord, il faut deux propositions en présence. Jusqu’à preuve du contraire, la seule proposition écrite qui a été formulée devant la CARICOM est celle des signataires de la Déclaration de Kingston. Il n’y avait aucune contre proposition. Je ne connais pas la proposition du gouvernement ni celle de l’accord du 21 décembre. Il n’y a jusque-là que des déclarations», a-t-il fait remarquer.

Le journal a appris que les acteurs se sont toutefois donné pour objectif de continuer les discussions, ce, afin d’aboutir à une décision d’ici le 31 juillet. On ignore pour l’heure si les prochaines étapes seront réalisées en Haïti ou ailleurs. Les émissaires de la CARICOM ne se sont pas encore prononcés sur leur récent séjour à Port-au-Prince ni sur l’avenir des négociations.