Kidnapping de Pierre-Louis Opont:« Je vis l’épreuve la plus difficile de ma vie», déclare la journaliste Marie-Lucie Bonhomme

Le Nouvelliste | Publié le 17 Juillet 2023 – À l’initiative de l’Association des journalistes haïtiens (AJH) et de SOS Journalistes, une vingtaine de travailleurs de la presse ont marché dans les rues de Pétion-Ville, le dimanche 16 juillet 2023, pour exiger la libération de Pierre-Louis Opont (copropriétaire de Télé Pluriel), enlevé dans la soirée du mardi 20 juin 2023 à Tabarre alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui. Des figures emblématiques de la presse haïtienne comme Liliane Pierre-Paul, des défenseurs des droits humains, ont exhibé des pancartes avec des messages de solidarité envers la victime pendant la marche qui était totalement silencieuse.

« Je suis entrain de vivre l’épreuve la plus difficile de ma vie et Dieu seul sait que j’ai subi des épreuves », a courageusement déclaré Marie-Lucie Bonhomme, l’une des plus influentes journalistes du pays, dans la marche pour exiger la libération de son époux, Pierre-Louis Opont, copropriétaire de la chaîne de télévision indépendante Télé Pluriel.

« Vous pouvez imaginer comment je vis ces épreuves si difficiles. Je suis une combattante. Je sais pertinemment que quand vous faites le choix de vivre en Haïti, vous devez vous préparer au pire. C’est ce que je vis malheureusement depuis plus de 25 jours», a tristement souligné la journaliste vedette de Radio Vision 2000, profitant pour remercier ceux qui lui ont supporté dans ces moments de rudes épreuves .

La marche silencieuse dont le parcours était limité à faire le tour de la place Saint-pierre, était l’occasion pour Mme Bonhomme de s’adresser aux ravisseurs. « Ma demande est claire . Il s’agit de réclamer la libération de Pierre-Louis Opont, mon mari. C’est un homme à la santé fragile. Depuis mon premier contact avec les ravisseurs je leur demande de prendre des médicaments pour mon mari. Ce qu’ils ont finalement accepté que le vendredi 14 juillet. Je n’ai pas eu de vraie conversation avec mon époux. Je connais pas exactement l’état de sa santé. Cependant, je suis certaine que les jours passés sans médicaments peuvent fragiliser davantage sa santé », a indiqué Marie-Lucie Bonhomme, précisant que les ravisseurs ont exigé une forte somme d’argent pour la libération de Pierre-Louis Opont, une somme que la famille n’est pas en mesure de réunir.

« Aba kidnapping, libérez Opont », étaient les éléments de langage du message de Jacques Desrosiers, secretaire general de l’Association des journalistes haïtiens (AJH) et de Guyler C. Delva de SOS Journalistes. « Nous sommes ici pour la deuxième fois pendant l’année 2023 pour exiger la libération de quelqu’un du secteur. Nous demandons la libération sans condition de Pierre-Louis Opont, propriétaire de médias et ancien journaliste de la Télévision nationale d’Haïti. La famille n’est pas en mesure de rassembler l’argent demandé », a soutenu Jacques Desrosiers.

Présente à la marche, Liliane Pierre-Paul a décrit ce que vit Marie-Lucie Bonhomme comme une situation de souffrance. « Aujourd’hui c’est une réaction sectorielle, en même temps c’est un message envoyé à toute la société pour dire que cette situation est intolérable. Nous devons nous soulever contre cette insécurité, le kidnapping qui nous prive de notre liberté mais également nous décapitalise», s’est indignée la présentatrice vedette de “Jounal 4è”.

À l’aube du mardi 13 juin 2023, des dizaines d’hommes lourdement armés ont fait irruption chez la journaliste, à Tabarre, vandalisé son domicile avant de la kidnapper. Elle a été conduite devant un chef de gang, interrogée puis relâchée.

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a déploré le fait que les travailleurs de la presse ne soient pas en sécurité même étant dans leurs résidences privées. Dans une note, publiée le 27 juin 2023, l’organisation a demandé aux autorités haïtiennes de tout faire pour le retrouver et pour protéger les journalistes haïtiens des attaques des gangs armés.

« RSF demande au gouvernement haïtien de redoubler d’efforts pour obtenir la rapide libération de Pierre-Louis Opont et de prendre des mesures urgentes pour protéger les journalistes haïtiens de la violence des gangs, de mettre un terme au climat de terreur dans lequel ils sont plongés aujourd’hui et de créer les conditions de sécurité nécessaires à l’exercice du journalisme dans le pays », a déploré, dans la note, Artur Romeu, directeur du bureau Amérique latine de RSF.