Massacre de La Saline, un mandat d’amener décerné contre Fednel Monchéry
Written by admin on June 25, 2023
Le Nouvelliste | publié le 23 juin 2023 Le cabinet du juge d’instruction Jean Wilner Morin a transmis à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) un « mandat d’amener » contre l’ex-directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales Fednel Monchéry, « inculpé » dans le dossier du massacre de La Saline, a appris Le Nouvelliste d’une source judiciaire, vendredi 23 juin 2023.
L’instruction est « très avancée. Bientôt le dossier sera transféré au parquet pour réquisitoire définitif », a confié notre source, soulignant que « les deux derniers inculpés, quelques victimes et témoins » doivent être auditionnés.
M. Monchéry s’était présenté au cabinet du juge où il a « signifié un acte manuscrit en dessaisissement ». Selon lui, le juge est trop proche de Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) contre qui il a des griefs. Il a déclaré que le juge Morin, en sa qualité de président de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), « avait pris des positions en faveur de la magistrature contre les intérêts du gouvernement auquel il faisait partie », a expliqué notre source.
Joint par Le Nouvelliste en fin d’après-midi, M. Monchery affirme avoir récusé le juge Morin. « Je l’ai récusé depuis 10h50. Je l’ai récusé parce qu’il n’est pas impartial », a-t-il dit. Pour sa part, l’ancien délégué départemental de l’Ouest Joseph Pierre Richard Duplan, par le biais de ses avocats, est disposé à se présenter au cabinet d’instruction du juge Jean Wilner Morin, a appris Le Nouvelliste.
Avant d’être confié au juge Morin, c’est Chavannes Etienne, actuel doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, qui était en charge de ce dossier. Il a été récusé en 2019.
Entre le 13 et le 14 novembre 2018, plusieurs dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été massacrées. Des viols ont été perpétrés à La Saline.
Outre ces deux officiels du gouvernement de l’administration Moïse, plusieurs chefs de gangs, dont le chef du G-9, Jimmy Chérizier, ont été indexés dans ce massacre par des organisations de défense des droits humains.
Les USA avaient sanctionné Monchéry, Duplan et Chérizier dans le cadre de ce dossier pour violation des droits humains.
Violations graves des droits de l’homme en Haïti
« La violence généralisée et la criminalité croissante par des gangs armés en Haïti sont favorisées par un système judiciaire qui ne poursuit pas les responsables d’attaques contre des civils. Ces gangs, avec le soutien de certains hommes politiques haïtiens, répriment la dissidence politique dans les quartiers de Port-au-Prince connus pour participer à des manifestations anti-gouvernementales. En échange d’attaques visant à susciter l’instabilité et à faire taire les demandes de meilleures conditions de vie à la population de Port-au-Prince, les gangs reçoivent de l’argent, une protection politique et une telle quantité d’armes à feu qu’on les dit mieux armés que la police nationale haïtienne », avait indiqué le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis en Haïti.
« Lors de l’attaque de La Saline en novembre 2018, au moins 71 personnes ont été tuées, plus de 400 maisons ont été détruites et au moins sept femmes ont été violées par des gangs armés. Ceux-ci ont sorti des victimes, y compris des enfants, de leurs maisons pour les exécuter, puis les ont traînées dans les rues où leurs corps ont été brûlés, démembrés et donnés en pâture aux animaux », avait indiqué un communiqué de l’ambassade des USA en décembre 2020.
« Fednel Monchéry était le directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales et, dans ces fonctions, a participé à la planification du massacre de La Saline. Monchéry a fourni des armes et des véhicules d’État aux membres des gangs armés qui ont perpétré l’attaque. Il a également assisté à une réunion au cours de laquelle l’attaque La Saline a été organisée et où des armes ont été distribuées aux auteurs de l’attaque », pouvait-on lire dans ce communiqué de l’ambassade des USA en Haïti.
« Joseph Pierre Richard Duplan, le délégué départemental du président Jovenel Moïse au moment du massacre de La Saline, est accusé d’en avoir été « le cerveau » et a été vu en train de parler de l’attaque avec des membres de gangs armés dans le quartier de La Saline pendant les violences. Duplan a fourni des armes à feu et des uniformes de la police nationale haïtienne à des membres de gangs armés qui ont participé aux meurtres. Il a également assisté à une réunion au cours de laquelle l’attaque de La Saline a été planifiée et où des armes ont été distribuées aux auteurs de l’attaque.
Chérizier, Monchéry et Duplan sont désignés en vertu du décret présidentiel au titre de la loi Magnitski parce qu’il s’agit de ressortissants étrangers responsables ou complices de violations graves des droits de l’homme, ou ayant participé directement ou indirectement à celles-ci, pouvait-on lire dans ce communiqué.