Modeste lancement du carnaval de Port-au-Prince

Le Nouvelliste | Publié le 19 février 2023  La mairie de Port-au-Prince a donné le coup d’envoi de son carnaval ce dimanche 19 février autour du thème « Rekonsilyasyon pou lapè ». Yves Pénel, président du comité organisateur, qui se réjouit de la portée artistique de l’événement, a reconnu qu’il y a des imperfections à corriger pour les deux derniers jours.

« Ce n’est pas aujourd’hui le premier jour gras », se demandent des marchands de produits artisanaux, en face du ciné Triomphe. Il est 10 heures 9 minutes du matin au Champ de Mars, dimanche 19 février, jour du lancement du carnaval de la ville. Pas trop de monde, pas trop d’activités non plus. Tout est calme comme n’importe quel jour de dimanche.

10h 15, à l’Avenue de la République, le stand de la mairie de Port-au-Prince à la rue Capois, ainsi que celui du Théâtre national à l’avenue de la République, reçoivent les derniers coups de pinceaux pour se faire une beauté afin d’être prêt pour recevoir les officiels du carnaval de Port-au-Prince.

Les curieux spectateurs ont dû attendre jusqu’à 11 heures pour voir les premiers signes du déroulement du carnaval. En présence d’un important dispositif de sécurité, sans installation de toilettes publiques, le défilé artistique débute en face du Musée du Panthéon National Haïtien une heure et 45 minutes après l’heure prévue.

Le Bureau national d’ethnologie, le Théâtre national, l’Ecole nationale des arts ont contribué à embellir le défilé. Cependant, les premiers signaux d’ambiance ont été envoyés par un groupe de rara composé essentiellement de femmes.

Yves Pénel, président du comité, se réjouit de la portée artistique du carnaval. « On a concentré toute notre énergie sur l’aspect artistique qui, comme on peut le constater, est une réussite. On a voulu transformer l’espace du parcours en une scène et c’est ce qu’on a fait », a-t-il indiqué au journal pendant le défilé.

« On est satisfait de la réponse du public. Malgré le poids du soleil, les gens suivent le défilé qui sera suivi de la prestation des bandes à pied. On est dans les temps pour respecter l’heure de fermeture», a garanti Yves Penel qui promet de corriger les imperfections les deux derniers jours.

Le carnaval de Port-au-Prince, qui veut prôner la paix et la réconciliation, se déroulera en 7 séquences dans l’objectif de raconter l’histoire contemporaine d’Haïti et de mettre en scène les débats qui traversent la société. « La rue sera la scène. Ces 7 séquences seront une plaidoirie pour une justice sociale, le respect de l’environnement, le respect des droits humains, la valorisation des artisans, etc. Elles raconteront la paix, la migration, la rencontre des peuples, le vodou, les occupations étrangères, etc. », a expliqué le président du comité organisateur.

Parallèlement, certains spectateurs dans l’air du Champ de Mars, interrogés par le journal, se montrent très critiques par rapport à la réalisation du carnaval à Port-au-Prince dans un contexte d’insécurité. Ils ont lancé des propos hostiles contre les autorités qui ont choisi, disent-ils, d’organiser le carnaval alors que cet argent pourrait contribuer à faire des actions plus utiles à la population en proie à la violence des gangs armés et à la crise économique.

«Ala yon kanaval m pa pè », se moque certains observateurs durant les défilés alors que d’autres croient que les fonds alloués au carnaval devraient être investi à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti pour offrir de meilleures conditions de travail aux médecins résidents en grève depuis le 22 décembre 2022.

« On ne veut pas de carnaval. On ne veut pas  danser sur notre malheur. On veut la sécurité pour pouvoir circuler librement», crient certaines personnes assises sur la place de la Constitution.

« Ce dimanche, sois disant le premier jour gras, les activités économiques ne sont pas moins différentes que les autres jours», se plaint un chauffeur de moto taxi. « Je suis là depuis 8h du matin. Midi, Je n’ai eu qu’une course de 100 gourdes. Ce carnaval ne me rapporte pas grand chose, du moins pour ce matin», regrette le motard.

Jean Junior Celestin