Grand soutien d’Haïti pour le retour des États-Unis à l’UNESCO

Written by on July 2, 2023

Le Nouvelliste publié le 30 juin 2023 – Le 30 juin 2023, la Conférence générale extraordinaire de l’UNESCO — la première en 40 ans — a entériné, à une très large majorité, le retour des États-Unis d’Amérique au sein de l’organisation qu’ils ont quittée pour la seconde fois en 2017. Déjà en 1984, les USA avaient claqué la porte de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture pour y revenir en octobre 2003.

Le géant nord-américain avait cessé de s’acquitter de ses redevances envers l’UNESCO depuis 2011 après qu’une loi passée au Congrès américain avait interdit au pays de financer une organisation dont tous les membres ne reconnaissaient pas l’État d’Israël. L’intégration de la Palestine rendait alors illégale toute contribution financière américaine à l’UNESCO. Le président Donald Trump avait claqué la porte six ans plus tard en laissant derrière lui une dette de 619 millions de dollars à l’organisation, soit davantage que le budget annuel de l’Unesco, évalué à 534 millions de dollars.

Amputée de 22% de son budget, l’UNESCO vivait une crise d’austérité et voyait nombre de ses programmes diminuer. L’arrivée de Joe Biden et des démocrates au pouvoir a permis d’entrouvrir la porte à de longs mois de négociations impliquant le secrétariat de l’organisation ainsi que de nombreuses délégations, dont celle d’Haïti, avec les congressmen et le gouvernement américains.

Le 8 juin, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, avait officiellement reçu une lettre des États-Unis en vue de réintégrer l’organisation dès le mois de juillet. Cette requête a lancé une course contre-la-montre qui a vu les partisans de ce retour boucler l’opération en moins d’un mois, donc une prouesse. Aujourd’hui, la résolution a été adoptée. « C’est un grand jour pour l’UNESCO et pour le multilatéralisme. Forte de sa dynamique retrouvée ces dernières années, notre organisation tend à nouveau vers l’universalité avec le retour des États-Unis », a souligné Audrey Azoulay, ce vendredi après-midi.

Après deux jours d’intenses tractations lors d’une Conférence générale extraordinaire avec les 193 États membres qui a vu 11 votes successifs, les États-Unis reviennent à l’UNESCO. Face à la résistance d’un petit groupe de pays, mené par la Fédération de Russie, qui cherchait à conditionner/bloquer le retour des USA en multipliant les prises de parole sur des points de procédure afin de retarder les débats, une coalition menée, entre autres par Haïti, a fait bloc pour faire adopter, à une large majorité, la résolution proposée par le Japon, et coparrainée par 106 États membres, qui finalisait le retour des Américains. Lors du dernier vote de la session, 132 États ont approuvé le texte, 15 se sont abstenus, seulement 10 l’ont rejeté, dont l’Iran, la Syrie, la Chine et surtout la Russie.

Lors de ses nombreuses interventions, Dominique Dupuy, la déléguée permanente d’Haïti, a défendu de toutes ses forces le texte de la résolution, invitant ses collègues à « faire ce qu’il fallait pour que l’un d’entre nous puisse revenir à la table ». Elle a également rappelé aux États-Unis que « s’asseoir à cette table est un engagement sacré, une adhésion ferme aux idéaux du multilatéralisme. »

Comme Émile Saint-Lot dans ses différentes prises de position aux tribunes des Nations unies, la représentante d’Haïti – qui a pris la parole à de multiples occasions et a notamment par deux fois appelé à un vote afin de sortir de l’impasse dans les débats – a rappelé au monde qu’Haïti pouvait avoir une voix forte et jouer un rôle d’importance dans les grandes arènes internationales. « Rien n’a été facile. Aucune étape n’a été automatique, ni du côté des États-Unis, ni du côté de cette plénière. Et c’est justement cette complexité qui témoigne de notre grande volonté à aboutir à cette décision », a reconnu l’ambassadeur Dominique Dupuy, évoquant une victoire pour le multilatéralisme et le vivre-ensemble.

« Le mandat de l’UNESCO – l’éducation, la science, la culture, la liberté d’information – est absolument central devant les défis du XXIe siècle. C’est cette centralité, l’apaisement des tensions politiques en son sein, ainsi que les initiatives lancées ces dernières années qui ont conduit les États-Unis à se mobiliser pour ce retour », a expliqué la directrice générale de l’UNESCO.

Le Nouvelliste
30 juin 2023 | Lecture : 3 min

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