Les avocats exigent la relocalisation du palais de justice
Written by admin on April 10, 2022
Publié le 2022-04-08 | lenouvelliste.com Plusieurs dizaines d’avocats au Barreau de Port-au-Prince ont participé, le vendredi 8 avril, à un sit-in devant la résidence officielle du Premier ministre Ariel Henry en vue d’exiger la délocalisation du palais de justice, situé dans un environnement sécuritaire périlleux au boulevard Harry Truman. La bâtonnière du conseil de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros, dénonce le dysfonctionnement du tribunal où depuis plus de trois ans « aucune audience » n’a pu être organisée. Les avocats dénoncent les autorités de n’avoir pas pris les dispositions pour la reconstruction du palais de justice depuis 2010.
Indignés et au “chômage” depuis la paralysie du palais de justice à cause de l’insécurité, ces dizaines d’avocats, vêtus de leur toge et accompagnés de pancartes, mettent la pression sur le gouvernement afin de délocaliser le palais de justice de Port-au-Prince. « Justice sacrifiée, justiciables méprisés, avocats révoltés », peut-on lire sur une pancarte. « Le dysfonctionnement de la justice est à l’avantage des dirigeants corrompus. Nous ne troquerons pas nos toges pour rien au monde », ce sont entre autres messages envoyés par les avocats aux autorités du pouvoir.
« Un pays sans justice est un pays foutu. La justice élève une nation. Si ceux qui ont la responsabilité de la rehausser ne le font pas, le pays va sombrer », a lâché un avocat, qui a dit attendre une réponse évidente à la demande de délocalisation. « Toujours des promesses. Nous demandons aux autorités de prendre leurs responsabilités parce qu’on en a assez », a-t-il lancé.
« L’environnement sécuritaire se détériore au Bicentenaire. Cela fait quatre ans depuis que les avocats sont au chômage. L’État a les moyens de délocaliser le palais de justice car il y a des édifices disponibles. Cette situation les arrange, alors les autorités concernées refusent de le faire », a balancé un autre avocat.
« La Primature dispose d’agents de police qui assurent leur sécurité. Nous autres les avocats, nous sommes livrés à nous-mêmes. La justice ne rime pas avec l’insécurité », a déploré l’homme de loi, disant attendre des actions concrètes en vue d’assurer le respect de la liberté individuelle.
La bâtonnière de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros, réclame le droit au travail pour les avocats, les magistrats, huissiers et greffiers, le droit d’accès à la justice pour la population. La bâtonnière dit accorder un délai de 15 jours au gouvernement pour relocaliser le tribunal. Passé ce délai, les avocats se verront contraints de passer à une autre phase.
« Les gouvernements se sont succédé, les gangs se sont multipliés, l’insécurité a atteint son paroxysme, l’audition des témoins et détenus est devenue chose impossible au palais de justice », a décrit la bâtonnière, dénonçant, par ailleurs, que le parquet près du tribunal de Première instance et le barreau sont abandonnés et livrés à la boucherie au boulevard Harry Truman. D’après l’avocate, dénombrer les victimes dans les parages du bicentenaire s’avère difficile.
La bâtonnière de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros, en a profité pour peindre le tableau de la situation au Bicentenaire. « Pas d’audience au tribunal depuis plus de trois ans. Les avocats sont au chômage. Il y a un manquement grave du gouvernement à son devoir de garantir la bonne marche des institutions. Refus des autorités de mettre en place des conditions d’accès à la justice. Violation du droit à la justice », a noté l’avocate.
Il faut souligner que le CSPJ avait acheminé une correspondance au doyen du tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince, Me Bernard Sainvil, pour l’informer de la décision qui a été prise pour transférer le décanat du tribunal de première instance au tribunal de paix de la section sud afin de procéder à l’évacuation des affaires urgentes et des actions en habeas corpus.
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